Violences et addictions : une intervention pour sensibiliser les élèves

Ces deux dernières semaines, un officier de la gendarmerie et sa collègue du service civique de la Maison de Protection des familles (MFP) de Mayotte, ont été invités dans notre collège, suite à une demande de l’établissement lors du dernier Comité d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement (CESCE), pour organiser des interventions auprès des élèves de 3ème et de 5ème. Cette prévention avait pour but de mettre en garde, sensibiliser les élèves sur les violences, les cyberviolences, le harcèlement et le cyberharcèlement.

Une intervention pourra-t-elle changer la vision des élèves ?

Le CESCE est un comité qui est présent dans chaque établissement scolaire. Celui-ci est présidé par le chef d’établissementet peut comprendre des représentants du personnel, des élèves, des parents, des conseillers principaux d’éducation (CPE),  l’infirmière et l’assistant(e) social(e) de l’établissement. A chaque début d’année scolaire et durant celle-ci, la direction organise un conseil durant lequel les membres du CESCE se réunissent et réfléchissent à des actions à mettre en place concernant la santé, la citoyenneté et de l’environnement pour l’éducation et le bien-être des élèves. Durant un conseil de début d’année scolaire, plusieurs propositions ont été faites, dont des interventions sur le harcèlement. Le CESCE a fait des demandes auprès de certaines association et organismes. Mais pour qu’il y ait une intervention, tout dépendait de la réponse et du temps disponible de l’intervenant. Certaines demandes sont toujours en cours de traitement. Une de ces demandes s’adressait à la MPF de Mayotte dont les intervenants font partie de la Brigade de Prévention de la Délinquance Juvénile (BPDJ).

L’intervention de la BPDJ

Il avait été convenu que l’intervention de la BPDJ ne serait destinée qu’aux élèves de 5ème et 3ème de cette année 2022. Dans cette intervention, les thèmes de la violence, du harcèlement et des risques encourus ont été abordés, ainsi que la cyberviolence et le cyberharcèlement qui, avec le développement d’Internet, se font de plus en plus nombreux. Pour la jeunesse, Internet est devenu un outil du quotidien. Les risques encourus si nous participons à l’un de ces actes et comment aider les victimes sont également des thèmes abordés lors de ces interventions. Ces dernières ont eu lieu le mardi 28 mars et le mardi 5 avril pour les 3ème et le jeudi 31 mars et le mardi 5 avril pour les 5ème.  Les agents de la BPDJ et leurs collègues de la MPF ont expliqué ce qu’est la prévention : « Une prévention est l’ensemble de mesures visant à éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et du handicap« , selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1948. Le but était la sensibilisation et la mise en garde des élèves sur la violence, la cyberviolence, le harcèlement et le cyberharcèlement, ainsi que l’aide que nous pouvons apporter aux victimes. Les interventions des 5ème avaient pour thème « les droits et devoirs des enfants et la prévention des violences » et celles des 3ème, « comprendre la justice, le droit (risques encourus, conséquences) et la prévention de la violence ».

Et l’île aux parfums dans tout ça ?

Durant ces temps d’échanges, les intervenants ont tenté de nous faire prendre conscience que peu d’élèves mahorais connaissent réellement leur île. Mayotte a beaucoup d’atouts, mais, à cause de la violence qui circule en ce moment, les touristes voient uniquement les mauvais côtés de l’île aux lagons. Les différentes formes de violence et d’harcèlement nous ont été exposées : verbales, morales, sexuelles, physiques et cyber. Ils nous ont parlé des armes aussi : « une arme est tout objet conçu pour tuer ou blesser« , a ajouté le gendarme, avant de nous mettre en garde sur la responsabilité pénale et de la Loi. « Ici, il y a ce qu’on appelle le discernement. Les mineurs capables de discernement sont pénalement responsables de leurs actes. Le discernement, c’est le fait de pouvoir faire la différence entre le bien et le mal. Donc en gros, il n’y a pas d’âge » expliqua le gendarme. Il continua en nous parlant des amendes et de la durée d »emprisonnement que nous risquons, si nous participons à l’un de ces actes.

Enfin, les intervenants nous ont expliqué comment ne plus subir le harcèlement et comment aider les victimes. « Pour ceux qui aiment filmer les personnes qui se font harceler ou violenter. Les jeunes, avant de filmer, mettez-vous à la place de la personne qui subit ça. Et demandez-vous si, à sa place, est-ce que vous aimeriez qu’on vous aide ou pas. » Cette prise de conscience a beaucoup fait réfléchir les élèves. Suite à de nombreux retours positifs venant des élèves, nous pourrions espérer un vrai changement dans ce collège.

 

Pour les élèves qui subissent ce genre de chose, n’hésitez pas à en parler à des adultes ou à des proches. « Libérer la parole, ne pas avoir honte. Et il ne faut pas hésiter à en parler aux adultes, afin de trouver des solutions pour éviter que cela n’empire, et dès le début, pour éviter que ça ne devienne trop important » conseille Mr Pothin, CPE de l’établissement.

« Cette intervention, c’est une très bonne chose. De toute façon, la prévention, on essaie de la faire au quotidien avec les élèves » ajoute Mme Levis, CPE de l’établissement. D’autres interventions seront prévues dans l’avenir. Le dernier CESCE a eu lieu le 21 février 2022 et est toujours en attente d’une réponse de la part de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ).

Josie

Sources :
Mme Levis, CPE au collège Ali Halidi de Chiconi
Mr Pothin, CPE au collège Ali Halidi de Chiconi
Comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC) (ih2ef.gouv.fr)


Et voici quelques commentaires des élèves concernés vis à vis de ces interventions :

  • « Ça s’est bien passé, presque tout le monde a écouté. Ces dernières années, je vois que le collège a changé, mais pas trop. Car avant il y en avait qui amenait des armes » commente d’une élève de 3ème.
  • ​ »Moi je trouve que l’intervention de la gendarmerie était importante, pour nous apprendre les choses à faire ou à ne pas faire, savoir comment réagir. Et ça a été utile, même si je sais que ça a été quasi fait à toutes les classes, ça ne va pas changer à ce qui se passe maintenant. Parce que même s’ils disent que s’il y a une bagarre et qu’on doit aller prévenir les gens, ils continueront toujours à venir autour et à crier <<iyé iyé>>. A ton avis, est-ce que les autres personnes vont changer leur vision des choses grâce à cette intervention ? Moi, je dis que tout dépend des gens, si les gens veulent écouter et y croire. Si j’ai un conseil, ça serait que si on veut que les chose qui se passent actuellement changent, bah il s’agirait de réagir et de ne pas juste regarder » commente Luna en 5ème.
  • « Moi, j’ai trouvé la séance très bien, elle nous a appris beaucoup de choses et elle a permis aux élèves de se remettre en question sur ce qu’ils font« , commente une élève de 3ème.
  • « Je trouve que c’était intéressant, ils ont donné de bons conseils à nous les élèves, je respecte bien ce qu’ils disent. Penses-tu qu’il y aura une amélioration grâce à ça dans le collège ? Je pense que oui« , commente Daniel en 5ème.
  • ​ »Moi, je trouve que ça a été très intéressant, parce que les gendarmes nous ont bien expliqué, ils nous ont mis des bons petits coups de pression. Mais c’était bien quand même, ils ont quand même fait le déplacement pour venir nous voir. Penses-tu qu’il y aura une amélioration grâce à ça ? Je pense que oui parce que quand même avec ça il y a avec les petits coups de pression là, menottes, matraques, flingues » commente Théo en 5ème.
  • « C’était bien, on nous a appris des choses qu’on ne savait pas. Penses-tu qu’il y aura une amélioration grâce à ça ? Oui ! Pourquoi ? Parce qu’il y a les élèves de ma classe qui ont fait quelque chose sur les filles et elles ont dit qu’elles allaient porter plainte et après ça s’est arrêté » commente Hadidja en 5ème.
  • ​ »J’ai bien aimé, parce que ça nous a appris beaucoup de choses sur la violence familiale. Oui, je pense que le collège va s’amélioré, mais je ne sais pas« , commente d’une élève de 3ème.
  • ​ »J’ai trouvé que c’était bien dans l’ensemble, surtout sur les images qu’il montrait sur les atouts de Mayotte, mais à cause de la violence ici, quand on tape sur google « Mayotte », on voit quasiment que des images qui avaient un lien avec la violence à Mayotte. Et on m’a dit que les gendarmes à Mayotte sont moins nombreux que ceux d’une ville en France. Et ça m’a trop intéressée parce que, dans les vœux que j’ai fait pour mon futur métier, c’est en premier de devenir comptable, mais avec l’intervention de la gendarme, ça m’a plus inspirée à m’orienter sur cette voix-là. Et j’ai beaucoup aimé » commente Fleuriana en 3ème.
  • ​ »J’ai beaucoup appris de cette intervention, et c’était vraiment bien. Penses-tu qu’il y aura une amélioration grâce à ça ? Pas vraiment. » commente une élève de 3ème.  
  • « Je pense que c’était une bonne chose parce qu’une intervention, c’était ce dont nous avions besoin. Et comme vous pouvez le constater, il y avait eu une sextape d’une fille. Et du coup, ça a circulé dans le collège. Et je trouve que c’est bien de prévenir les ados, et d’en parler. Et ça permet d’apprendre la notion de vie sexuelle. Et franchement, c’est un truc que me tient à cœur, la violence sexuelle qu’il y a autour des ados. Penses-tu qu’il y aura une amélioration grâce à ça ? J‘espère bien, actuellement j’ai demandé à notre prof principal. En fait, j’avais fait un article sur ça, mais il m’a dit que ça serait bien de le faire sous forme d’affiches. Et il était d’accord qu’on l’affiche et qu’on le publie sur le site du collège. Et je trouve que ça c’est un truc vraiment important pour moi, la violence sexuelle. Ça c’est quelque chose qui doit être reconnu par les enfants. En fait, on ne voit pas que nous les femmes, mais il y a notamment aussi les garçons, mais c’est plus la femme qui est le plus touchée. Et je voudrais que ça soit reconnu par tout le monde. Et que les filles, les petites filles et les femmes sachent que leurs corps leur appartiennent à elles et à personne d’autres. Et du coup, je voudrais m’ouvrir sur ça. Et c’est un sujet tabou à Mayotte. Et j’espère que d’ici là, ça changera. Et je voudrais que ce sujet-là soit abordé dans tous les établissements scolaires de Mayotte« , commente Anaissa de 3ème.
  • « Ça nous a donné des leçons et ça s’est bien passé. Ils nous ont donné des conseils, dit ce qu’il fallait faire ou pas. Et ça nous a appris à faire attention avec les garçons. Et qu’il ne faut pas insulter« , commente un groupe de jeunes filles de 5ème.